A. ELHAMID, B. AAZZAB
Faculté de Médecine Dentaire de Casablanca.
RÉSUMÉ
Les facettes céramiques apportent une solution aux dyschromies dentaires intenses, corrigent les anomalies morphologiques et améliorent les dystopies légères. Cet article se propose de présenter les indications et de traiter et d’illustrer leur mise en œuvre. Les préparations pour facettes sont simples et bien codées. Le collage reste délicat et demande beaucoup de rigueur.
Mots clés : Facettes céramiques - Prothèses – Occlusion
LES FACETTES CERAMIQUES COLLEES Ce qu’il faut savoir |
Les facettes céramiques peuvent être définies comme étant des pellicules en céramique permettant de modifier la couleur et /ou la forme des dents.
Les composites peuvent constituer une alternative aux facettes,(fig.1et 2). Ils présentent l’avantage de ne pas être chers et de mise en place facile et rapide. Mais ils ont le grand inconvénient de ne pas être stables dans le temps.
Sur le plan physique, le composite semble avoir des caractéristiques se rapprochant de celles de la dentine alors que la céramique a des caractères physiques se rapprochant de celles de l’émail. De ce fait, les facettes en composite ne semblent pas être capables de restaurer la rigidité de la dent intacte (Reeh et coll.1994)(1). Les facettes céramiques donnent un rendu esthétique nettement supérieur à celui des composites et présentent aussi une meilleure étanchéité marginale.
INDICATIONS
Les facettes peuvent être indiquées pour améliorer la couleur, restaurer la forme ou corriger un petit défaut d’alignement dentaire.
Dyschromies : La fluorose, les colorations dues aux Tétracyclines, l’amélogénèse et la dentinogénèse imparfaites ainsi que certaines anomalies congénitales constituent les principales sources des dyschromies.
Parmi les anomalies congénitales on peut citer :
La prophyrie congénitale : Les dents présentent une coloration verdâtre et des anomalies de structure.
Le rachitisme héréditaire vitamine D dépendant : induit des hypoplasies de l’émail.
L’ictère hémolytique néonatal : Les dents présentent des colorations jaunes ou bleues.
Les souffrances fœtales et les troubles nutritionnels ou toxiques pendant la grossesse provoquent des anomalies de structure et des colorations secondaires.
Les traumatismes et les atteintes infectieuses de la dent temporaire ainsi que les troubles nutritionnels et toxiques peuvent induire des anomalies de structure.
Les colorations professionnelles : L’exposition à des poussières ou fumées contenant du cuivre, du fer ou du mercure peut entraîner des colorations brunes, noires ou grises.
Les dents nécrosées, ou mal dépulpées présentent souvent des colorations grisâtres ou noirâtres dues à la dégradation des produits nécrotiques ainsi que la décomposition de l’hémoglobine.
LES FACETTES CERAMIQUES COLLEES Ce qu’il faut faire Dans tous les cas les limites doivent rester dans l’émail et être parfaitement lisibles. |
- Placer un deuxième fil déflecteur plus gros que le premier - Le retirer après une à deux minutes - Prise d’empreinte - Vérification de la qualité de l’empreinte: reproduction des détails des préparations, lisibilité des limites et enregistrement de l’après limite cervicale... - Choix de la couleur et de ses composantes - Transfert des données au laboratoire. - Essayage des facettes: Vérifier la couleur, la forme l’adaptation de chacune sur sa préparation et l’adaptation de l’ensemble des facettes entre elles - Procéder aux rectifications nécessaires. |
Les dyschromies peuvent aussi être dues à d’autres sources iatrogènes :
- La diffusion de l’anhydride arsénieux.
- L’infiltration de produit colorant la dentine par manque d’herméticité d’une obturation
- La corrosion d’une obturation métallique (amalgame).
Morphologie :
Dent conoïde, malformations, diastèmes, fractures ou toutes modifications de la forme.
CONTRE-INDICATIONS
Etude Clinique :
Définir la morphologie in vivo par du composite.(fig. 3 et 4 )
Réalisation des modèles d’étude et de la morphologie désirée. Confection des facettes provisoires en méthode directe ou indirecte pour essai.
La morphologie peut être modifiée dans le sens d’une augmentation ou d’une réduction.
Evaluation et décision thérapeutique.
LE COLLAGE |
Préparations :
Pour les premières préparations il est utile de faire appel aux guides de coupe: clés en silicones ou gouttières thermoformées pour contrôler la forme des préparations.
Placement du cordonnet déflecteur.
L’utilisation des fraises guides permet de contrôler la profondeur des préparations (fig. 5 et 6 )
Chaque préparation doit assurer une réduction superficielle de 0.3 à 0.5 mm dans l’épaisseur de l’émail. Il faut éviter toute exposition dentinaire dans les régions cervicale et proximale ainsi que tout angle vif résiduel.
Dans le commerce on trouve des coffrets spéciaux qui contiennent des fraises guides et des fraises à congé qui ont la particularité d’avoir dans la même fraise deux granulations différentes (fig.7).
Le retour lingual devrait être systématique pour les incisives inférieures alors que pour les supérieures, il sera réalisé chaque fois qu’une modification du bord libre est jugée nécessaire. Dans le cas où un retour lingual est effectué, la préparation devrait être plus en dépouille pour ne pas avoir de difficulté quant à l’axe d’insertion de la facette. (fig. 8 et 9 )
Nordbo et coll. (2) rapportent, en ce qui concerne les facettes sans retour lingual, qu’elles présentent un risque des délaminations de la céramique et des fractures en écailles (chipping).
LE COLLAGE Ce qu'il faut faire Manipulation : Finition : |
Empreintes :
Un second fil est placé dans le sillon gingivo-dentaire (fig. 10, 11, 12, 13 )
Des matrices métalliques sont installées là où les points de contact sont serrés ( fig. 14 ). Elles feront éviter des déchirures du produit à empreinte lors de sa désinsertion et faciliteront la réalisation des modèles de travail.
L’empreinte doit enregistrer les détails des préparations, les dents adjacentes et aller au delà des limites cervicales.
Laboratoire :
Le prothésiste procédera à la coulée de l’empreinte et à la réalisation des modèles de travail. Dans le cas où les facettes céramiques seront cuites sur un matériau réfractaire (ex: LFC-Ducera), un deuxième modèle issu du premier est alors confectionné . Si la céramique doit être cuite sur feuille de platine, le premier modèle suffira.
Le prothésiste choisira le système qu’il applique correctement.
Les facettes sont livrées glacées et finies. Aucune étape intermédiaire d’essayage n’est possible, c’est dire à quel point toutes les précautions de réussite doivent être prises.
Essayage clinique et Collage :
Nettoyage des surfaces à coller: détartrage, cupule molle garnie de pâte à polir non fluorée.
On procède d’abord à la vérification de l’adaptation de chaque facette à la préparation correspondante indépendamment des autres facettes avant de vérifier l’harmonie de l’ensemble. Un gel à base de glycérine, contenue dans les coffrets de composite de collage, facilitera ces essayages.
Traitement de la céramique :
Rinçage abondant des facettes, mordançage de leurs intrados avec de l’acide fluoridrique à 10% pendant 90 secondes puis rinçage abondant 60 secondes et séchage (fig.15 et 16 ).
Application du silane puis séchage au four à 100°C durant une minute. Un sèche-cheveux peut être utilisé. L’intérêt est d’éliminer l’humidité ambiante et de condenser l’agent de silanisation.
La céramique est prête à recevoir les différentes étapes de collage.
Traitement des tissus dentaires :
Mise à l’abris des préparations de tout risque de contamination salivaire et de toute humidité.
Insertion du fil rétracteur.
Mise en place de la matrice et des coins de bois interdentaires.
Tissus dentaires: mordançage et conditionnement de l’émail et de la dentine.
Application des différents agents de collage (primer, agent de liaison ou bonding) sur les préparations et sur la céramique. Les constituants différent en fonction des coffrets. Il est conseillé d’éviter l’exposition à la lumière du scialytique pour empêcher toute polymérisation inattendue.
Insertion de la facette induite du composite choisi.
Elimination des excès et polymérisation. Les mêmes opérations sont répétées pour les autres facettes. Il est préférable d’opter pour un composite dual qui polymériserait même dans le cas où il n’a pas pu être atteint par la lumière de la lampe.
Après le collage de la dernière facette, les fils de rétraction gingivale sont retirés et le reste des excès est éliminé avec une fraise diamantée à granulométrie fine (bague jaune). Les strips abrasifs grains de plus en plus fin sont utilisés pour polir les surfaces interdentaires.
Occlusion :
Le réglage de l’occlusion ne se fait qu’après la fin du collage. On veillera à ce qu’aucune restauration ne présente de surcharge occlusale en intercuspidie maximale, lors des déplacements mandibulaires et au moment de l’établissement du bout à bout incisif. (Valentin) (3) (fig. 17 et 18)
Une fois l’occlusion réglée, on procédera à la finition et au polissage de l’ensemble. Les pointes en silicone, les brossettes garnies de pâte diamantée et secondairement de pâte d’alumine ajouteront un brillant de surface.
BIBLIOGRAPHIE
1 - Reeh E.S.; Ross G.K. Tooth stiffness with composite venneers: a strain gauge and finite element evaluation.
Dent. Mater., 1994, 10: 247-252.
2 - Nordbo H; Rygh-Thoresen N.; Henaug T. Clinical performance of porcelain laminate venneers without incisal overlapping: 3-year results.
J. Dent., 1994,22:342-345.
3 - Valentin CM le guidage antérieure : l’arc incisif de l’adulte : ses fonctions et ses relations.
J. Edgweis,1995, 11: 7-34.