Photo du Dr Patrick Hescot président FDI

 

Lors du 1er Congrès Régional Africain de la FDI, qui s’est tenu du 26 au 29 avril au Maroc (Marrakech), nous avons eu l’opportunité de rencontrer le Dr Patrick Hescot, président de la FDI. Celui-ci a bien accepté de répondre à nos questions et nous le remercions pour sa disponibilité.

 

Dr. Patrick Hescot
Docteur en médecine dentaire
Président de la FDI
Y compris, notamment, la surveillance de:
- Stratégie FDI pour l'Amérique latine
- Équipe spéciale Vision 2020
- Partenariats FDI

Membre du collège International des dentistes (ICD)
Membre honoraire de l’académie Pierre Fauchard
Auteur de plus de 90 communications nationales et internationales

 

Le Courrier du Dentiste : Bienvenue Dr Patrick Hescot, vous faites honneur à la médecine dentaire du Maroc. Quelle est votre perception du pays ?

Dr. Patrick HESCOT : Je connais le Maroc depuis très longtemps, ma première venue remonte à 1989. Avec le Pr Souad Msefer, aujourd’hui décédé, nous avons créé l’Association Marocaine de Prévention Bucco-Dentaire, et la FDI a beaucoup d’amis ici. Nous connaissons donc bien ce pays et la problématique de santé dentaire qui est la sienne avec d’un côté la qualité des services fournis par les médecins dentistes et de l’autre, le problème de l’exercice illégal qui est malheureusement très important.

 

Nous suivons le Maroc depuis près de 30 ans et nous sommes très impressionnés et très heureux de voir l’évolution extrêmement positive de la qualité de la dentisterie, des médecins dentistes, de leur implication dans la politique de santé publique, qui fait du Maroc un pays aujourd’hui véritablement leader au niveau de l’Afrique en général et bien sûr de l’Afrique du Nord.

 

LCDD : En quoi ce grand événement qu’est le 1er Congrès dentaire régional africain de la FDI est-il particulier ?

Dr. P. H. : C’est un événement exceptionnel : c’est le 1er Congrès Régional Africain de la Fédération dentaire internationale. La FDI est la voix officielle de la profession dans le monde. Elle représente plus d’un million de médecins dentistes, plus de 130 pays, et plus de 200 organismes professionnels. L’organisation de cet événement à Marrakech est un honneur pour le Maroc, mais c’est aussi très important pour la FDI. Nous avons en effet défini une stratégie pour l’Afrique avec l’ambition d’aider l’ensemble des pays africains, et ce congrès représentera un point culminant des démarches initiées en 2011-2012.

 

Le congrès va largement au-delà de l’aspect scientifique, qui est excellent, et peut constituer un marqueur non seulement de la politique scientifique mais aussi de la place du Maroc en Afrique. Ce qui semble rentrer complétement dans la stratégie politique nationale visant à positionner le pays comme un leader en Afrique.

 

LCDD : La FDI opère sur plusieurs fronts : formation, sensibilisation, etc...
Quels sont ses projets à l’international et surtout pour l’Afrique ?

Dr. P. H. : Il y a deux niveaux : l’Afrique et le global. Concernant l’Afrique, il était important que le continent rattrape son « retard ». L’objectif a été atteint, grâce notamment à l’école des cadres que nous avons mise en place dans près de 25 pays africains.

 

Ces pays disposent aujourd’hui de présidents, bureaux, associations formés au leadership, à l’organisation de formations continues, à la communication grand public, à la pratique en cabinet dentaire mais aussi au plaidoyer, au lobbying auprès des gouvernements. Tous les pays d’Afrique disposent maintenant de leaders et une stratégie spécifique au bucco-dentaire a été mise en place dans le cadre de l’OMS. Il ne reste plus qu’à la mettre en application, sachant que la FDI est là pour soutenir et aider chaque pays dans le cadre des activités qu’il décide de mener lui-même. Voilà donc pour le premier niveau.

 

Concernant le niveau global, celui de la FDI, il faut prendre conscience que nous sommes à un tournant de la santé dentaire dans le monde entier, pas seulement en Afrique. Qu’est-ce que cela signifie ? Cela veut dire que jusqu’à aujourd’hui, le dentiste était considéré comme un technicien très qualifié, formé pour soigner, mais que demain les contours de la santé bucco-dentaire vont être redéfinis, intégrant 3 aspects : physique, déjà évoqué, mais aussi sociétal et psychologique.

 

Demain, l’action du chirurgien-dentiste sera non seulement dentaire mais aussi médicale et sociale. La santé bucco-dentaire a un rôle socioéconomique à jouer dans tous les pays. C’est d’autant plus important dans un pays d’Afrique comme le Maroc, car elle y représente à la fois une mesure de justice sociale et un facteur très important de bien-être, et donc de performance.

Nous sommes passés du chirurgien-dentiste se limitant à soigner la bouche au chirurgien acteur médical, capable de faire le lien entre santé dentaire et santé générale. Aujourd’hui, nous allons encore au-delà avec un chirurgien-dentiste acteur socioéconomique, ayant un impact sur le bien-être et la qualité de vie des personnes, de la naissance à la mort. En assumant cette responsabilité, nous permettrons aux personnes de se sentir bien, d’être proactives et nous nous positionnerons donc d’une manière totalement différente par rapport aux gouvernements en particulier.

 

LCDD : Quel est le rôle de la FDI dans la lutte contre les maladies bucco-dentaires ?

Dr. P. H. : Le rôle de la FDI est très simple. Elle intervient à 3 niveaux. Le premier, en anglais « advocacy », correspond au plaidoyer ou lobbying. Ainsi, la FDI établit des « policy statements », des livres blancs qui formulent la position officielle de la profession dentaire sur différentes problématiques.

Elle peut concerner aussi bien la prévention sur le fluor, que les cillettes dentaires, le dépistage, l’éducation, les traitements, les implants, la CAD/CAM, les prothèses. C’est donc l’ensemble de la santé bucco-dentaire qui est envisagée dans ce cadre. À travers ces « policy statements » et ces livres blancs, nous fournissons aux secteurs dentaires nationaux des outils de plaidoyer et de lobbying auprès des médias et des gouvernements pour promouvoir la santé dentaire.

 

Le deuxième niveau d’intervention est la formation continue. En plus des congrès régionaux qu’elle organise, la FDI a mis en place des responsables éducation sur tous les continents. En Afrique nous disposons de deux responsables : anglophone et francophone. Ces deux responsables mettent en place des programmes de formation continue avec le soutien de la FDI et de l’industrie dans tous les pays africains.

 

Le troisième niveau d’intervention est la communication. Si l’on veut que la santé bucco-dentaire soit bien perçue, il faut communiquer directement auprès du grand public. Notre objectif est de promouvoir une nouvelle image de la santé dentaire associée au bien-être et à la qualité de vie, notamment à travers la Journée mondiale de la santé bucco-dentaire, organisée le 20 mars de chaque année. Près de 600 millions de personnes connaissent aujourd’hui cette journée, ce qui n’est tout de même pas mal !

Notre objectif c’est d’étendre l’impact de cette journée et de soutenir les pays, comme par exemple le Maroc, dans leurs actions de prévention bucco-dentaire comme celles, excellentes, de l’AMPBD, qui promeut la santé bucco-dentaire dans les écoles, dans la rue, partout où c’est possible. Voilà la vision et l’activité de la FDI.

 

LCDD : Le mot de la fin ?

Dr. P. H. : En fait, ce sont deux mots qui me viennent à l’esprit : plaisir et fierté. Plaisir parce qu’être ici, au Maroc, est un vrai plaisir. Le sentiment aussi de faire un peu partie de la famille marocaine, puisque comme évoqué au début, nous avons participé à la création de l’AMPBD, et travaillé depuis de nombreuses années avec nos amis marocains. J’espère que nous pouvons nous prétendre amis, et en tous les cas vous faites partie de notre famille.

 

Et puis la fierté, d’abord que le Maroc accueille ce premier congrès régional, et ensuite que nous ayons pu faire prendre conscience au monde entier que l’Afrique est un continent sensationnel, qu’il doit être considérés comme les autres et qu’on est capable en Afrique de faire aussi bien que partout ailleurs dans le monde.

Propos recueillis par Redouane MOUDEN

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