I. BENYAHYA

Service de chirurgie buccale
Faculté de Médecine Dentaire de Casablanca

La grossesse est une période assez médicalisée soit par auto-médication ou par prescription.
Il s’agit d’un état physiologique pour lequel il faut considérer non seulement la femme enceinte "patient" mais également deux compartiments que sont le placenta et le fœtus. Ces compartiments sont regroupés en unité materno-foeto-placentaire.

 

En effet, malgré une meilleure connaissance de la pharmacocinétique des médicaments, le praticien doit être prudent quant aux prescriptions chez la femme enceinte et ne le faire qu’après une maîtrise de la pharmacopée et qu’après évaluation du rapport bénéfice risque, principe même de toute prescription.
En cours de grossesse, il est impératif de tenir compte de :

- La mère dont l’état concoure à la réduction plasmatique de certains médicaments, à l’augmentation de la fraction libre voire toxique des médicaments et à l’augmentation de l’excrétion rénale impliquant une adaptation des doses,
- Le placenta d’abord considéré comme filtre, il est capable de retarder ou de transformer les médicaments et doit de ce fait, être considéré comme un organe à part,
- Le fœtus : sans capacité de métabolisation des molécules, le fœtus est exposé à l’accumulation de métabolites toxiques.

Ainsi, en tenant compte de toutes ces considérations, la démarche logique et préventive de la prescription chez la femme enceinte doit se baser sur :

- Le choix des médicaments les plus anciens et les mieux connus,
- Le choix de la molécule dont l’efficacité a été prouvée expérimentalement,
- Un traitement aussi court que possible.

LES ANTIBIOTIQUES

Les pénicillines franchissent facilement la barrière placentaire sans risque pour le fœtus.
Elles sont de ce fait prescrites en l’absence d’allergie soit seules soit associées à l’acide clavulanique

Les macrolides présentent une innocuité admise aujourd’hui et donc il n’y a aucune restriction à l’utilisation des macrolides chez la femme enceinte.

En ce qui concerne les tétracyclines, au cours du premier trimestre, rien n’est à craindre. Par contre, elles entraînent l’inhibition de la synthèse protéique et la diminution de l’incorporation du Calcium et de la proline dans les tissus minéralisés. Il s’ensuit une diminution de la croissance osseuse et une dyschromie accompagnée d’une hypoplasie irréversible de l’émail dentaire.

Les cyclines peuvent également entraîner une dégénérescence graisseuse des cellules hépatiques et une nécrose pancréatique chez la femme enceinte et chez la parturiente. Elles ne doivent donc pas être prescrites au cours du 2ème et 3ème trimestre de la grossesse.


LES ANTI-INFLAMMATOIRES
Les anti inflammatoires stéroïdiens ont provoqué des effets malformatifs chez les animaux notamment des fentes labio palatines. Chez l’homme, toutes les études épidémiologiques rétrospectives réalisées dans ce sens, n’ont pas trouvé de spécificité entre prise médicamenteuse et fentes labio palatines. Aussi, on peut les utiliser sans risque à doses modérées quel que soit le terme de la grossesse.

En ce qui concerne les anti-inflammatoires non stéroïdiens, le risque tératogène existe pour l’indométacine en raison du risque de fermeture prématurée du canal artériel avec hypertension artérielle pulmonaire néonatale.

Les anti-inflammatoires non stéroïdiens sont à proscrire au cours du troisième trimestre de la grossesse.

LES ANTALGIQUES
- Les salicylés franchissent la barrière placentaire. Le risque tératogène est faible, par contre les risques toxiques liés à l’inhibition de la synthèse des prostaglandines est élevé entraînant un retard de l’accouchement, un ralentissement du travail et une hémorragie.

Pour le nouveau né, le risque est la fermeture prématurée du canal artériel, une insuffisance rénale et une hémorragie,

- Le paracétamol étant dépourvu d’effet tératogène, c’est l’antalgique de choix au cours de la grossesse,
- Le dextropropoxyphène associé à certains antalgiques peut entraîner le risque d’intoxication en cas de prise à proximité de l’accouchement provoquant la sédation de l’enfant à la naissance,
- Enfin, les pyrazolones sont dénués de tératogénicité mais présentent le risque d’agranulocytose et d’allergie.

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