A. BENNANI, A. ELOUAZZANI ECH CHAHDI, Kh. LAHLOU, M. JABRI, I. BENKIRAN
Service d'Odontologie Conservatrice
Faculté de Médecine Dentaire de Casablanca
Université Hassan II
RÉSUMÉ
23 dents monoradiculées fraîchement extraites ont été préparées de manière standardisée selon la technique mécanisée, au système Profile et avec une irrigation à l'hypochlorite de sodium.
Afin d'objectiver la remontée du colorant, les dents ont été sectionnées en deux.
Les résultats statistiques ont montré qu'il n'y avait pas de différence significative (P<0,005) entre les deux techniques d'obturation.
La technique d'obturation Thermafil permet donc une étanchéité similaire à la technique de condensation latérale avec un temps plus court.
Mots-clès : Obturation canalaire, étanchéité, Condensation latérale, Thermafil.
INTRODUCTION - BUT DE CE TRAVAIL EXPÉRIMENTAL
Selon une étude réalisée par INGLE (in 1), 59% des cas des obturations réalisées se traduisent par des échecs en raison du manque d'herméticité du système canalaire. Il s'agit donc bien de tendre à une certaine herméticité.
A cet effet, une grande variété de moyens d'études voient le jour régulièrement et de nombreuses méthodes sont employées pour analyser leur capacité à rendre justement ce système hermétique.
In vivo, les études reposent uniquement sur des analyses cliniques et radiologiques.
L'évaluation clinique est basée sur l'absence de signes : douleur, suppuration, perte de sensibilité à la percussion ou palpation.
Racliologiquement, l'analyse se fait par comparaison des clichés préopératoires, post-opératoires et des radiographies de contrôle à 6 mois, 1 an ou plus. La présence d'une pathologie périradiculaire traduit l'échec, mais l'absence d'image apicale ne garantit pas pour autant le succès car elle ne permet pas de prouver l'herméticité, même si une corrélation peut être établie entre l'aspect de la masse de gutta et sa capacité à définir une obturation hermétique.
De ce fait, il s'est avéré utile pour évaluer le degré d'herméticité de réaliser une étude expérimentale in vitro.
En effet, pour KAPLAN et coll (1982) (in2), la taille des particules de bleu de méthylène est équivalente à celle des micro-organismes.
Les résultats obtenus à l'issue des études réalisées par colorant (bleu de méthylène) in vitro, seraient donc similaires aussi dans une situation in vivo.
De ce fait, on va soumettre des dents obturées par condensation latérale à froid et d'autres obturées au Thermafil à la percolation apicale d'une solution de bleu de méthylène afin de tester leur étanchéité.
MATÉRIEL ET MÉTHODES
Matériel odontologique :
23 dents monoradiculées fraichement extraites ont été recueillies au centre de consultation et de traitement dentaire CCTD en accord avec le service d'odontologie chirurgicale.
Appareils :
- Le thermaprep : c'est un appareil permettant de réchauffer la gutta-percha (Thermafil) avant sa condensation.
- L'étuve : il s'agit d'un appareil permettant de maintenir la température à 37 degrés à 100% d'humidité.
- Le microscope optique permettant l'observation des coupes.
Matériel nécessaire à la phase histochimique :
Il s'agit :
- Du bleu de méthylène à 1%,
- Du cyanoacrylate,
- Du vernis imperméable,
- Des tubes à essai,
- Une pipette graduée,
- De l'eau courante.
a - Préparation du matériel odontologique :
Pour réaliser ce travail expérimental, nous disposons de préparations standardisées selon la technique mécanisée, au système Profile et pour l'obturation et le scellement canalaire de la Gutta-percha et du ciment oxyde de zinc eugénol.
Le matériel dentaire se compose de dents monoradiculées réparties en 3 groupes :
- Groupe 1 : Comporte 10 dents obturées à l'aide de la condensation latérale à froid,
- Groupe 2 : Comporte 10 dents obturées à l'aide du Thermafil,
- Groupe 3 : comporte 3 dents sans obturation canalaire (groupe témoin).
Ces dents après obturation ont été mises dans l'étuve à 37 degrés à 100% d'humidité pendant 5 jours pour reconstituer au mieux les conditions dans lesquelles se trouve une dent en bouche.
b- Vernissage des dents (Fig. 1):
Afin de ne tremper que les 2 mm apicaux des racines, il a fallu bien isoler le reste de ces racines du colorant. Pour cela, les opérations suivantes ont été réalisées en prenant le soin de ne pas atteindre la zone constituée par les 2 mm apicaux. Nous avons :
- Gratté les racines à l'aide d'une lame de bistouri pour éliminer les fibres desmodontales et le cément,
- Étalé de l'acétone sur la dent,
- Étalé ensuite dessus un, film de cyanocrylate,
- Enfin placé deux couches de vernis sur la dent y compris sur la couronne.
c- Capillarité apicale de la solution colorante :
Dans chaque tube à essai, on verse au moyen d'une pipette graduée, un même volume de solution colorante à 1% de bleu de méthylène, sur une hauteur de 4 mm.
Une fois la deuxième couche de vernis sèche, on met chaque racine dans un tube de manière à ce que la partie apicale plonge dans le bleu de méthylène.
Les tubes numérotés sont mis dans l'étuve à 37°C à 100% d'humidité pour reconstituer au mieux les conditions dans lesquelles se trouve en bouche une dent récemment obturée et soumise à la percolation des fluides périapicaux.
Chaque racine est laissée 3 jours dans la solution colorante pour obtenir un maximum d'effet capillaire.
La percolation ne peut se faire que par la zone apicale laissée libre de vernis ; l'étanchéité de celui-ci empêche toute infiltration de colorant par de possibles canaux secondaires.
La remontée éventuelle du bleu de méthylène traduit donc un manque d'herméticité entre la dentine et le matériau d'obturation au niveau de la région terminale du canal. d- Rinçage de l'échantillon dentaire: Après ce délai de trois jours, les tubes à essai sont vidés de leur solution colorante et chaque racine est rincée isolément à l'eau courante.
Afin d'objectiver la remontée du colorant, les dents ont été sectionnées en deux à l'aide de ciseau à émail après avoir réalisé des rainures longitudinales à l'aide de disques diamantés.
RÉSULTAT
La longueur de remontée de colorant dans le 1er groupe est variable entre 0,2 et 18mm (Fig.5) et dans le 2ème groupe entre 0,5 et 15mm (Fig.6). Le test de Kriskal Wallis utilisé a révélé une valeur de P (degré de signification) égale à 0,649 qui est non significatif (P > 0,05). Ce qui nous permet de conclure qu'il n'y a pas de différence significative entre les degrés de remontée du colorant des deux groupes.
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DISCUSSION
Cette étude permet de tirer donc les mêmes conclusions que celles auxquelles ont abouti certaines expériences réalisées notamment celle de LARES et ELDEEB (1990) (3) sur la base d'une étude faite sur des molaires, HADDIX et coll (1997) (4), McMURTREY et coll (1992) (5), SCOTT et coll (1992) (6), DUMMER et coll (1993) (7,8) et celle de PATHOMVANISH et EDMUNDS (1996) (9) pour qui le degré d'étanchéité est sensiblement le même d'une technique à l'autre.
D'autres praticiens comme BEATTY et coll (1989) (10) ont conclu que la technique d'obturation au Thermafil présente une meilleure étanchéité apicale alors que RICCI et KESSIER (1994) (11) ont abouti à la conclusion inverse.
Aussi, ces différences constatées dans les résultats nous poussent à conclure que la qualité d'obturation dépend d'autres facteurs qui sont non moins importants que les techniques utilisées à savoir le mode de préparation et le niveau d'expérience du praticien.
BIBLIOGRAPHIE
1- HULSMANN. M, GOTTINGEN. Les préparations canalaires mécanisées, indications et problèmes. Rev. Mens. Suisse. Odontostomatol., 1994, 104, 5695.
2- Hamel H, jean A, Marion D. et Fraysse C. Herméticité des obturations radiculaires. Pourquoi? Comment? Encyc méd chir, stomato, 23063 F20, 1987, 8 R
3- LARES. C, EL DEEB. M.The sealing ability of the Thermafil obturation technique.]. Endod., 1990, 16, 10 ; 474-479.
4- HADDIX.J.E,JARRELI. M ; MATTISON. G.D, PINK. FE. Etude in vitro de l'étanchéité apicale créee par une technique récente d'obturation à la gutta percha. Clinic., 199 1, 1 ; 5.
5- McMURTREY. L.G, DDS, MS, KRELL. KY, DDS, MS and WILCOX. L.R, DDS, MS.A comparison between Thermafil and lateral condensation in highly
curved conals. J. Endod., 1992, 18, 2 ; 67-7 1.
6- SCOTTA.C,VIRE. D.E, SWANSON. R.An evaluation of the thermafil endodontic obturation technique.j. Endod., 1992,18,7 ; 340-343.
7- DUMMER. H.M.R KELŒT, MEGHJI.A, SHEIKH. 1,VANITCHAI.T.J.An in vitro study of root fillings in teeth obturated by laterai condensation of gutta percha or Thermafil obturators. Int. Endod. J., 1993, 26 ; 99-105.
8- DUMMER. H.M.P, LYLE. L, RAWLE. j et KENNEDY. Kj. A laboratory study of root fillings in teeth obturated by lateral condensation of gutta percha
or Thermafil obturators. Int. Endod. J., 1994, 27 :32-38.
9- PATHOMVANISH. S, EDMUNDS. H.D.The sealing ability of Thermafil obturators assessed by four different microleakage techniques.
Int. Endod. J., 1996,29 ; 327-334.
10- BEATTY. G, BAKER, HADDIX. Efficacy of four root canal obturation techniques eventing apical dye penetration. J. Amer. Dent.Assoc., 1989,119; 633-637.
11- RICCI. E.R, KESSIER. J.R.Apical seal of teeth obturated by the laterally condensed gutta percha, the thermafil plastic and Thermafil metal obturator techniques after post space preparation.j. Endod., 1994, 20, 3 ; 123-126.