Dans cette édition, nous avons donné accès libre et direct à une correspondance assez houleuse et intéressante qui reflète la réalité actuelle du médecin dentiste du Maroc. Entre temps, quelques réponses et solutions ont été réalisées concernant notamment la T.V.A…

La publication de cette lettre revêt un caractère constructif, pour relancer le débat dont l’objectif ultime est d’avancer, de dissiper les nuages qui ne cessent de couvrir le ciel de la profession de médecine dentaire.
Nous remercions notre correspondant et demandons à nos lecteurs d’en faire autant.

 


Tout d'abord, je tiens à remercier "Le Courrier du Dentiste" que je trouve bien, et le félicite d'avoir si bien su attirer l'attention du médecin dentiste du Maroc.
On parle beaucoup de développement, de l'avenir de la profession, de la formation continue, de la recherche des dernières techniques... tout cela est bien et l’on est tous d'accord, mais bien des questions se posent :
Peut-on se le permettre ?
Peut-on travailler sans soucis?
Est ce que tous les médecins dentistes ou plutôt la majorité sont contents de leur base de formation ?
J'ai entamé depuis 7 ans dans le privé une lutte quotidienne.
Comment arriver à assurer un avenir meilleur dont rêve chacun d'entre nous, alors que même le présent n'est pas encore sûr ?
Est ce que le rêve peut devenir réalité?
Est ce que la profession peut retrouver son prestige ?
C'est manifestement une équation difficile à résoudre...

Chacun de nous sait que notre profession passe par une crise depuis ces dernières années. Le niveau socioéconomique du médecin dentiste diminue de jour en jour et d'année en année, jusqu'au point de dire que le médecin dentiste ne vit plus, mais il survit (cela concerne surtout la génération des années 90).
Si les responsables et l'état ne trouvaient pas une formule magique pour remédier à cette situation, le futur pourrait être encore pire.
Les anciens praticiens installés avaient de meilleures conditions que les nouveaux.


Le nouveau médecin dentiste se heurte aux obstacles bien avant qu'il savoure son doctorat.

1- Les crédits bancaires, qu'on ne peut avoir qu'après avoir parcouru plusieurs banques, des vas et viens, des garanties…Tout ceci sans l'appui de qui que ce soit. Je me demande quel est le rôle du conseil de l'ordre, qui est absent de la scène, mais présent pour les cotisations annuelles…? Des syndicats…? Des associations de toutes les couleurs… ? Encore et encore ...
Lors du remboursement, tu n'arrives plus à être à jour des échéances, à cause des charges interminables et des recettes médiocres.

 

2- Le cabinet dentaire dont il faut bien choisir le lieu à cause de la grande concentration dans les grandes villes.

 

3- Les impôts de toutes natures avec des taux insupportables, et c'est le point qui m'importe le plus vu son impact sur la situation financière :
a- La T.V.A tous les trois mois avec un taux de 7% qui n'est pas récupérable en plus.
b- La patente annuelle incluant la valeur locative, et l’on sait tous que quand on trouve un local pour usage médical, le propriétaire te demande un pas-de-porte inimaginable et un loyer conséquent. En effet pour lui, le médecin est égal à beaucoup d'argent, alors que la réalité en est une autre. Comme tout le monde sait, le médecin dentiste utilise du matériel médical, des matériaux et consommables qui gonflent finalement la valeur de la patente.
c- La cotisation minimale annuelle ( 6 % sur le chiffre d'affaires TTC) est la goutte qui fait déborder le vase. On te demande de la payer quoi qu'il en soit, déficitaire ou non. Le taux appliqué 6 % sur l'ensemble des recettes annuelles, lui incluant l'ensemble des T.V.A. déjà payées.
On se demande souvent comment ces législateurs pensent ?
Est-ce qu'ils croient que ce pauvre médecin dentiste a trouvé le trésor d'Ali baba? ... Mystère.
Quand on se décide de faire des réclamations, on te répond qu'on n'y peut rien et c'est la loi. Avec le temps et les circonstances, la loi doit faciliter la vie à ses citoyens et penser à ses intérêts.
Il faut que nos responsables se réveillent et au lieu de perdre du temps sur des conflits individuels sans résultats, on doit tous unir nos forces de telle façon à ce que l'état sache qu'on est là et présent pour diminuer ces taux trop élevés, et insupportables.
d- L'impôt général sur le revenu (IGR) annuel. Je dirai que la cotisation minimale s'est contentée du reste.

 

4- Au Maroc, notre patientèle à un pouvoir d'achat très bas et qui ne cesse de chuter jusqu'à des records, à cause de la conjoncture et du coup, elle négocie les tarifs même les plus bas, ce qui a une conséquence fâcheuse sur la recette du médecin dentiste. Je pense qu’en plus de cette crise économique qui frappe le Maroc, les causes du marasme chez nous peuvent se résumer en un ensemble de points dont 2 essentiels :
a- Le nombre de médecins dentistes qui augmente d'année en année et dont la concentration se fait dans les grandes villes, alors que beaucoup de petites villes souffrent du manque de cette spécialité.
b- L'absence d'une tarification unifiée pousse la majorité des patients à négocier les tarifs jusqu'au point à croire qu'on n'est plus de médecins, mais des marchants de tapis. Une phrase courante revient souvent " pourquoi l'autre demande un tel ou tel prix ?". Que faire?
Exiger votre tarif ou bien suivre le courant et s'aligner ? c'est désolant.

 

5- Les charlatans qui sont partout où l’on va et qui se prennent pour des médecins, et ça marche très bien pour eux. J'en connais pas mal qui sont autour de moi. C'est un vrai cauchemar surtout pour les cabinets dans les quartiers populaires.
Il y a encore beaucoup de chose à dire et trop d'exemples que je vis tous les jours sur lesquels je ne veux pas m'étendre.
Quand on voit la réalité en face, on réalise qu'il y a beaucoup de choses à faire pour notre chère profession dont on a rêvé depuis tout petit, et pour laquelle on a fait d'énormes sacrifices.

Où est le problème dans tout cela ?
Qui sont les responsables de ce déclin?
Je dirai tout simplement qu'on est tous responsables, par notre égoïsme et de notre " je m'enfoutisme ". Chacun de nous lutte de son côté seul avec ses propres moyens.
Je suis sûr que si chacun de nous raconte ses problèmes au quotidien, on n'en finira pas.
Soyons réalistes, laissons les intérêts personnels de côté, et ayons une vision objective de l'avenir de la profession.
Pourquoi tous ces conflits entre les confrères, à cause d'un poste ou bien d'un autre ...?
Pourquoi chacun veut créer une association à lui seul qui ne donnera rien de concret, pourquoi ... pourquoi ...?

Chers confrères, tout ceci n'aboutira à rien, au contraire ça ne fera qu'aggraver la situation.
A mon avis, si on tient encore vraiment à cette profession, formons une seule masse unie et concentrons nos forces pour lutter contre le charlatanisme, essayer de diminuer les différents taux d'impôts, trouver une solution pour une tarification unifiée, éviter les fortes concentrations des grandes villes...
Et si par malheur on n'arrive pas à trouver des solutions à ces problèmes, le mieux sera de chercher un autre métier, car notre profession est noble et doit le rester.
Enfin, je salue tous mes amis, mes confrères, mes professeurs, mes enseignants ainsi que toute l'équipe qui a participé et participera encore à l'élaboration de cette revue qui est la nôtre.
Merci
Dr. S. M (Casablanca)

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