J. KISSA, F. LAKEHAL, N. KHLIL
Service de Parodontologie
Faculté de Médecine Dentaire de Casablanca - Maroc
Université Hassan II
Nous savons que les parodontites aiguës sont très destructrices et qu’elles surviennent à un âge relativement jeune.
Il se pose alors un double problème :
- Un pronostic souvent sombre,
- Une thérapeutique entraînant un sérieux préjudice esthétique.
Il est donc impératif de pouvoir dépister ces maladies tout au moins à leur début.
Dans le cadre de ce dépistage, l’omnipraticien peut et doit jouer un rôle de premier ordre car c’est toujours lui qui reçoit le patient en premier.
Dans la réalité quotidienne, l’omnipraticien peut avoir deux attitudes :
PREMIERE ATTITUDE
Nous savons tous, que certaines parodontites aiguës peuvent ne pas présenter de signes cliniques évidents au début. Le patient ne ressent rien et il vient consulter son dentiste pour d’autres doléances.
Le praticien se contentant de répondre uniquement à ces dernières, néglige un examen approfondi du parodonte.
Si parodontite il y a, dans ce cas, elle échappera au diagnostic clinique, et elle a toutes les chances de se compliquer.
DEUXIEME ATTITUDE
La parodontite est déjà bien présente avec des mobilités, des migrations.
Le patient consulte évidemment son chirurgien dentiste.
Trois éventualités peuvent se présenter:
* Le praticien oriente le malade vers le spécialiste;
* Il donne une antibiothérapie en informant le patient que certaines dents sont condamnées;
* Le praticien prend la décision d’extraire les dents les plus atteintes sans expliquer au patient toutefois la cause des mobilités.
Ces constatations sont basées essentiellement sur l’observation et sur l’expérience clinique qui résultent de l’interrogatoire du patient une fois orienté chez le spécialiste.
En effet, lorsque le patient est orienté vers le spécialiste très souvent, il apparait que le cas est très avancé.
Le praticien entame les autres soins sans pour autant juger utile d’informer le patient de sa maladie parodontale.
Ces observations nous amènent à penser qu’il ne sert pas à grand chose d’orienter le patient vers le spécialiste lorsque la parodontite est à un stade très avancé.
Une attitude commune et rationnelle vis-à-vis du parodonte et des parodontites doit être instituée et doit être suivie par tout praticien conscient de cet enjeu.
Quel rôle peut donc jouer l’omnipraticien face aux parodontites de type aiguë ?
Ce rôle consiste en une participation active à un diagnostic et à un dépistage précoce de ces formes de parodontites.
L'omnipraticien doit pouvoir comprendre l'importance de ce dépistage précoce et être informé sur tous les moyens de diagnostic dont il peut disposer pour réaliser ce diagnostic qui sont en général des moyens cliniques accessibles à tout omnipraticien.
Orienter le patient directement chez le spécialiste n’est pas la meilleure attitude, en effet l'omnipraticien doit pouvoir s'impliquer davantage non seulement dans le diagnostic mais aussi dans le traitement.
La préparation initiale qui est la base du traitement parodontal peut être parfaitement maîtrisée par celui-ci.
Dans ce cas, le praticien peut apprécier le succès de son traitement, le patient ne peut en être que plus satisfait, et la maladie parodontale peut ainsi être jugulée.
Devant chaque patient se présentant à une consultation, et quelles que soient ses doléances, le praticien doit pouvoir faire un examen clinique systématique.
- De l’odonte,
- Du parodonte superficiel (gencive),
- Du parodonte profond.
1- L’odonte
Il faut rechercher un certain nombre de signes cliniques extérieurs très évocateurs et qui peuvent nous aider à suspecter l'existence d'un problème parodontal :
- Absence de carie (patients très peu susceptibles à la carie) (Page et coll, 1985)(1),
- Migrations dentaires.
Très fréquemment l'atteinte du parodonte profond s'accompagne d'une migration de la dent atteinte (égression, mesio-version ou disto-version ou vestibulisation)
- Apparition de diastèmes ou l'exagération d'un diastème déjà existant,
- Présence d'un début de mobilité.
2- Parodonte superficiel
Généralement l'aspect de la gencive dans le cas de parodontite juvénile est souvent trompeur.
Il y a en effet, une disproportion entre l’aspect d'apparence normale du parodonte superficiel et la gravité de l'atteinte des tissus profonds (Bear, 1971; Harvey et coll 1994) (2, 3) (Fig. 1 et 2).
La gencive garde son apparence saine et ne présente pas les signes caractéristiques de l’inflammation gingivale et les dépôts de plaque et de tartre sont presque inexistants.
Tous les signes cliniques externes ne sont pas évocateurs de l'existence d'un problème parodontal.
3- Parodonte profond
Nous devons procéder à un sondage à la recherche de poches parodontales et nous devons faire attention aussi au saignement qui est provoqué par le sondage qui signifie que la poche est active (Fig. 3 et 4).
Le sondage est un geste fiable d’une grande sensibilité, qui reste facile, simple à réaliser et accessible à tout omnipraticien et reste le moyen le plus utilisé. Il est un reflet de l' état parodontal et doit être systématique chez tous les patients en particulier les adolescents et les jeunes adultes à la recherche de parodontite juvénile même si ces patients consultent pour un motif autre que parodontal.
Cependant, celui-ci doit être confirmé et suivi par la prise de bilan radiologique long cône à la recherche d’une alvéolyse parfois très profonde.
CONCLUSION
Cet examen qui nécessite une sonde parodontale et quelques clichés est important et nous amène à :
- Un diagnostic précoce,
- Une meilleure prise en charge.
Spécialiste et omnipraticien doivent conjuger tous leurs efforts afin d’essayer d’améliorer le pronostic de ces parodontites juvéniles et prévenir les complications responsables de préjudice esthétique et fonctionnel (Fig. 5 et 6).
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BIBLIOGRAPHIE
1- Page R.C, Vandesteen GE, Ebersole. J. L. Williams B. L , DIXON IL, Altmon L.C. Clinical and laboratory studies of a family with a hight prevalence of juvenile periodontitis. J. Perdiodontol 1985 : 56 : 602-610
2- Bear PN. The cose of periodontosis as a clinical entity. J periodontal 1971 : 42 : 516-520.
3- HARVEY A. SCHENKEIN & THOMAS E. VAN DYKE. Early-onset perdiodontitis : systemic aspects of etiology and pathogenesis. Periodontology 2000. Vol. 6. 1994. 7-25.