M. HAMZA*, S. BENSOUDA*, I. BENYAHYA**, S. MSEFER*, M. DOUKKALI, N. KARIM
*Service de Pédodontie-Prévention, CHU Ibn Rochd - Casablanca
** Service d'Odontologie Chirurgicale, CHU Ibn Rochd - Casablanca

Université Hassan II

 

RÉSUMÉ

La chirurgie buccale chez l'enfant et l'adolescent est une chirurgie qui se pratique sur des structures en pleine évolution.Elle peut être curative, interceptive et/ou préventive. Ses indications et techniques doivent tenir compte des particularités anatomiques, physiologiques et psychologiques des jeunes patients.

 

Une étude menée au centre de consultations et de traitements dentaires de Casablanca a montré que cette chirurgie intéresse principalement l'extraction des premières molaires permanentes.
Mots clés: Chirurgie buccale, Enfant, Adolescent, Croissance.


La chirurgie buccale chez l'enfant et l'adolescent a été considérée pendant longtemps comme étant une chirurgie mineure.
Cependant avec l'évolution des connaissances et la meilleure compréhension des processus de cicatrisation, cette chirurgie est presque devenue une spécialité à part.
La chirurgie buccale de l'enfant et l'adolescent peut intéresser les tissus mous, les tissus osseux et les tissus dentaires.


Elle peut être curative, interceptive et/ou préventive. Elle doit tenir compte des particularités anatomiques, physiologiques et surtout psychologiques de ces jeunes patients.
Dans le but de cerner les particularités de cette chirurgie, nous présentons, à travers ce travail, les différentes indications des diverses interventions chirurgicales pouvant être réalisées chez le jeune patient.


Nos données seront étayées par les résultats d'une étude épidémiologique rétrospective d'observation menée au centre de consultation et de traitements dentaires de Casablanca. Cette étude a porté sur 346 patients âgés de 5 à 15 ans afin d'étudier la prévalence des actes chirurgicaux en fonction de l'âge et des indications.

 

LES EXTRACTIONS SIMPLES

L’extraction des dents permanentes est indiquée soit pour des raisons thérapeutiques ou orthodontiques.

 

Extractions à but thérapeutiques (1,2) :

La première molaire permanente est la dent la plus fréquemment extraite chez l'enfant et l'adolescent du fait qu'au moment de son éruption sur l'arcade, elle est souvent confondue par les parents avec une dent temporaire.


L'extraction sera effectuée en présence :
- De manifestations pathologiques locales : dent infectée de manière chronique ou aiguë ne pouvant être traitée par simple traitement endodontique, perforation du plancher, résorption inflammatoire osseuse et radiculaire, délabrement très important, dystrophies ou dysplasies, traumatismes, maladie parodontale,
- De manifestations pathologiques régionales : cellulite, ostéite, adénophlegmon, gros kyste ou tumeur,
D'une implication pulpaire chez les patients à risque.


L'enquête menée au centre de consultation et de traitements dentaires de Casablanca a révélé que sur les 353 interventions chirurgicales menées,
61,75% sont des extractions simples des dents permanentes. La majorité de ces interventions concernait les tranches d'âge 9-12 ans et 13- 15 ans.
Les dents permanentes sont le plus souvent extraites soit à cause d'un gros délabrement soit à cause d'une pathologie pulpaire avec un état général perturbé. Ce résultat révèle, dans notre contexte, la détérioration de l'état de la denture chez l'enfant et l'adolescent suite à une mauvaise hygiène bucco-dentaire et à une consultation tardive rendant l'extraction inévitable.

 

Extractions liées à des indications orthodontiques (3) :

L'indication d'extraction orthodontique est généralement posée face à :
- Une dysharmonie dento-maxillaire (DDM),
- Une anomalie squelettique de classe II ou de classe III.
Le choix des extractions dépendra de la localisation du manque d'espace, de la classe dentaire et de l'état des dents.

 

LA GERMECTOMIE

La germectomie est une intervention chirurgicale qui consiste en l'extraction d'une dent à l'état de germe. Elle s'adresse essentiellement aux prémolaires et aux dents de sagesse.


Son indication est posée par l'orthodontiste en cas :
- De dysharmonie dento-maxillaire,
- De décalage des bases squelettiques,
- D'anomalie de forme du germe,
- De malposition du germe.

 

La germectomie des prémolaires (4) :

Elle se pratique en général entre 9 et 11 ans dans une situation de denture mixte et s'accompagne souvent de l'extraction des molaires temporaires correspondantes.
Elle est indiquée en cas d'une sévère DDM. La germectomie de la première prémolaire donne de la place pour la canine, alors que celle de la deuxième prémolaire facilite la mésialisation des molaires.
Ces germectomies doivent être symétriques pour éviter les déséquilibres occlusaux.

 

La germectomie des dents de sagesse (4,5,6) :

Elle est indiquée, en général, entre l'âge de 14 et 15 ans en cas :
- De manque de place en distal de la deuxième molaire permanente,
- De récidive de malposition dentaire,
- D'infection du sac péricoronaire,
- De DDM postérieure,
- De gêne à l'évolution molaire,
- D'absence d'antagoniste.

 

EXTRACTION CHIRURGICALE DES DENTS INCLUSES

Pour le jeune patient, il s'agit de l'extraction des canines, des prémolaires et des dents surnuméraires incluses.
L'indication d'une telle intervention se fera devant (5,7) :
- L'impossibilité de remise en place sur l'arcade de la dent incluse,
- Des complications infectieuses : péricoronarite, abcès sous-périosté ...
- Des complications mécaniques : déplacement ou lésion d'une dent adjacente,
- Des complications neurologiques : algies, pelades,
- Des complications tumorales.

 

Extraction des canines incluses (5,7) :

Différentes formes cliniques peuvent être retrouvées :
- Canine supérieure palatine qui peut être soit enclavée sous le bloc incisif, soit en position haute soit incluse bilatérale,
- Canine supérieure vestibulaire en position haute, ou en position basse ou en double inclusion vestibulaire,
- Canine supérieure transalvéolaire "mixte où la couronne est le plus souvent en position palatine, l'apex étant vestibulaire entre les racines des prémolaires,
- Canines inférieures incluses : dans la plupart des cas, la dent incluse est vestibulaire et proche des apex des incisives.

 

Extraction des odontomes et des dents surnuméraires inclus (8,9) :

Bien plus rarement rencontrées que les canines incluses, les prémolaires incluses, ayant effectué leur édification radiculaire sont parfois source de difficultés opératoires.
La proximité, au maxillaire supérieur du paquet palatin antérieur, à la mandibule du paquet mentonnier, doit imposer la plus grande prudence lors des décollements, et la meilleure protection des lambeaux lors du dégagement osseux.

 

 


Extraction des odontomes et des dents surnuméraires :

L'adolescence est la période privilégiée d'une découverte radiologique, en général fortuite, d'une dent surnuméraire ou d'un odontome.
Les dents surnuméraires et les odontomes peuvent être isolés ou associés à un syndrome général.
Elles représentent une augmentation quantitative de tout ou partie d'une formule dentaire normale. Histologiquement, une dent surnuméraire est semblable en tous points à son homologue normale.
Les dents surnuméraires sont très fréquentes au niveau du maxillaire supérieur au niveau antérieur dont le mesiodens entre les incisives centrales est le plus rencontré (Fig.1). Les dents surnuméraires peuvent également être localisées autour des molaires.


L'odontome est une tumeur bénigne la plus répandue des tumeurs maxillaires d'origine dentaire. Il n'a pas une morphologie dentaire typique, ce qui le différencie d'une dent surnuméraire.
Ces anomalies dentaires font souvent obstacle à l'évolution des dents permanentes.
La grande majorité des dents surnuméraires et des odontomes sont asymptomatiques.
Leur extraction sera systématique devant l'apparition de certains signes d'appel tels que :
- Des signes dentaires : persistance anormale d'une ou de plusieurs dents temporaires sur l'arcade, absence d'une ou de plusieurs dents permanentes ou temporaires alors que leurs homologues sont déjà sur l'arcade,
- L'existence d'une voussure endo-buccale.


D'après l'enquête menée au centre de consultation et de traitements dentaires de Casablanca, l'extraction d'éléments inclus a représenté 5,66% des interventions réalisées dont 65% ont été réalisées pour la tranche d'âge 9-12 ans.
L'extraction des dents surnuméraires se justifie lors de manifestations cliniques pathologiques. En effet, une étude menée en 1997 sur 36 cas a révélé que des complications étaient survenues dans 66,67% des cas (10). Il s'agissait essentiellement de complications mécaniques (rétention dentaire : 36,1 %, dysharmonie dento-dentaire : 11,1%, voussure anormale des tables osseuses : 5,6%), de complications tumorales à type de kyste péricoronaire dans 2,8% des cas et de complications nerveuses à type de douleurs dans 2,8% des cas.

 

L'ALVÉOLECTOMIE (5)

L'alvéolectomie ou extraction dite " chirurgicale " convient dans le cas où la méthode classique d'avulsion risquerait d'être inopérante, insuffisante ou dangereuse. L'alvéolectomie est réalisée en cas d'échec d'avulsion simple mais également après fracture radiculaire ou lorsque la radiologie aura préalablement montré que des conditions anatomiques radiculaires anormales existent.


Cette technique est réalisable aussi bien pour les dents permanentes que temporaires.
L'extraction par alvéolectomie est pratiquée dans les cas suivants :
- Racine ou apex fracturés lors d'une intervention et inaccessibles par voie alvéolaire, - Destruction coronaire importante due à une carie ou à une fracture, - Dent présentant des rapports anormalement étroits avec les organes de voisinage (sinus ... ),
- Certaines anomalies radiculaires de forme, de nombre ou de direction.

Ainsi, grâce à cette technique, les extractions les plus difficiles se réduisent à des gestes simples et efficaces.


LA CHIRURGIE MUCO-GINGIVALE

L'exigence, pour le maintien de la santé gingivale, d'une bande de tissu kératinisé égale ou supérieure à 2 mm n'est plus aussi forte aujourd'hui. S'il n'y a pas d'inflammation, les tissus marginaux peuvent rester cliniquement sains en l'absence de gencive adhérente. Cependant, du fait de la difficulté d'obtenir chez les jeunes patients un contrôle de plaque acceptable, une aggravation de l'état gingival peut être constatée en période pubertaire lors de l'éruption des dents permanentes.

En présence de plaque, un tissu gingival constitué de muqueuse, présente des signes cliniques d'inflammation plus importants qu'un tissu dont la gencive attachée est suffisante. Il peut en résulter alors une récession gingivale. L'association avec un mauvais alignement dentaire, un moindre brossage, une traction musculaire, un déplacement orthodontique ne manqueront pas de provoquer une perte d'attache et la formation de poches parodontales.

La correction d'une telle malformation s'impose donc dès le jeune âge pour maintenir la denture dans un état optimum de fonction, d'esthétique, de confort et de santé ( 11, 12).
Le choix de l'intervention chirurgicale sera fonction de la nature de la malformation.


La greffe gingivale (13) :

Elle permet de recréer une bande de gencive adhérente. Elle est donc indiquée en cas :
- De gencive non fonctionnelle,
- De dénudation radiculaire,
- De complément de la frénectomie,
- D'agingivie.


Le lambeau de translation latérale (13) :

Ses indications sont subordonnées à la structure parodontale du site donneur, situé à proximité immédiate du site receveur.
Il faut donc évaluer pour cela :
- La dimension et l'épaisseur de la gencive adhérente,
- La hauteur et l'épaisseur de l'os alvéolaire.


La gingivectomie (14, 15) :

La gingivectomie est une exérèse gingivale par incision suivie d'excision. Chez le sujet jeune, elle trouve son indication :
- Dans les hypertrophies gingivales dues le plus souvent à la prise de phénytoline, de nifedipine ou de ciclosporine,
- En complément à un traitement orthodontique pour certains cas de sourire gingival.
La gingivectomie au laser CO2 est souhaitable chez le jeune, en raison de ses avantages :
- Réduction du saignement,
- L'application d'un pansement parodontal n'est plus nécessaire,
- Indolore,
- Cicatrisation rapide et sans complications.


Les frénectomies :

Il s'agira essentiellement de :
- La frénectomie labiale supérieure,
- La frénectomie linguale.

La frénectomie labiale supérieure (13,16) :

La frénectomie labiale supérieure est souvent considérée comme étiologie principale du diastème interincisif existant chez les enfants et les adolescents.
La frénectomie ne doit être pratiquée qu'après avoir éliminé toute autre étiologie du diastème : mesiodens, succion du doigt ou de la lèvre, agénésie des latérales.
Elle ne sera indiquée que vers l'âge de 12 ans.

La frénectomie linguale (17) :
Elle sera indiquée devant toute brièveté du frein lingual qui constitue une limite importante aux mouvements volontaires de la langue (Fig. 2).
La frénectomie linguale sera toujours majorée par l'enfant et surtout les parents parce qu'il s'agit de la langue, organe psychiquement très investi.
Il est donc souhaitable qu'elle soit "dédramatisée" lors d'un entretien préalable avec le jeune patient et sa famille. L'enquête menée au centre de consultation et de traitements dentaires de Casablanca a montré que la frénectomie est la chirurgie muco-gingivale la plus fréquemment réalisée chez l'enfant et l'adolescent (4,5 %).
Elle survient surtout entre 9 et 12 ans, ceci s'explique par le fait que les orthodontistes n'indiquent cette intervention qu'après l'évolution des canines.

 

 

L'ORTHO-CHIRURGIE

La mise en place des dents retenues (13,18) :

Une dent retenue désigne toute dent qui, au-delà de sa date normale d'éruption, en tenant compte de l'âge dentaire, n'est pas en occlusion fonctionnelle.

Toutes les dents peuvent être retenues individuellement ou à plusieurs.Chez l'enfant et l'adolescent, la canine maxillaire est la plus fréquemment incluse, suivie par les prémolaires et les incisives et enfin la canine mandibulaire.
Actuellement, avec le progrès de l'imagerie et l'amélioration des techniques chirurgicales, parodontales et celles du collage, la majorité des dents retenues peuvent être amenées sur l'arcade et ce, avec un parodonte complet.


La fibrotomie circonférentielle supracrestale (13,19) :

Malgré une contention dont la durée peut être longue, la stabilité des corrections orthodontiques demeure aujourd'hui un objectif encore difficile à réaliser.
Les dents doivent être maintenues en place jusqu'à ce que les tissus de soutien se soient renouvelés dans leur nouvelle position et deviennent fonctionnels.
Les fibres desmodontales se réorganisent en 4 à 8 semaines après la stabilisation de la dent, alors que les fibres supracrestales cémento-gingivales et trans-septales, ne se remanient qu'après plusieurs mois de stabilisation de la dent dans sa nouvelle position. La récidive est donc due à l'étirement de ces fibres.

La fibrotomie circonférentielle supracrestale tente de libérer les dents de cette tension transmise par les fibres supracrestales. C'est une technique chirurgicale simple, dont la pratique ne présente que peu de risques pour les tissus de soutien.
Cette fibrotomie est généralement effectuée deux à trois mois après la correction orthodontique complète afin de permettre la réorganisation des fibres desmodontales.


LE CURETAGE PÉRI-APICAL (5,20,21)

Cette technique chirurgicale vise à supprimer par voie transosseuse une formation pathologique péri-apicale. Elle permet la conservation d'un organe dentaire voué à l'extraction.
Lorsque l'extrémité apicale gêne l'ablation de toute la formation pathologique, le curetage péri-apical devra être complété alors par une résection de cette extrémité : c'est l'apicectomie.

Cette intervention est indiquée en cas :
- De lésions péri-apicales impossibles à traiter par voie endodontique (granulome, kyste ... ),
- De résorptions inflammatoires internes ou externes, communicantes au niveau de la portion apicale,
- D'échecs d'apexification,
- De certaines aberrations anatomiques canaux très courbés,
- De dépassements de matériaux d'obturation non tolérés,
- D'instruments fracturés dans la partie apicale des canaux, irrécupérables par voie canalaire,
- De fractures hautes du 1/3 apical.

 

LE TRAITEMENT CHIRURGICAL DES TUMEURS EPULIDIENNNES (5,9,22,23)

Les épulis sont des tumeurs gingivales bénignes dont le traitement le plus courant est l'exérèse chirurgicale. Elles sont le plus souvent d'origine irritative ou traumatique. Sur le plan clinique, les épulis sont des pseudotumeurs inflammatoires sessiles ou pédiculées, circonscrites le plus souvent, implantées sur la gencive marginale.
Ces lésions sont grossièrement hémisphériques, de taille variable, parfois partagées par l'arcade dentaire en 2 lobes, l'un vestibulaire et l'autre lingual ou palatin. Elles sont revêtues par une muqueuse parfois ulcérée (Fig. 3).

 

En général, il n'existe pas de signes douloureux directement liés à la tumeur. Seule la surinfection confère parfois à l'épulis une certaine sensibilité. L'hémorragie spontanée ou provoquée permet de soupçonner le caractère hautement vasculaire de la tumeur. L'examen radiologique doit toujours être réalisé devant toute épulis pour révéler les éventuelles atteintes osseuses et dentaires.
Après l'exérèse de la tumeur, une dénudation des racines dentaires peut s'ensuivre ce qui provoque un problème esthétique et même fonctionnel. C'est pourquoi une greffe gingivale ou un lambeau de recouvrement radiculaire peuvent être indiqués.

L’exérèse d'épulis a concerné 1,69% des interventions réalisées d'après l'enquête de Casablanca.

 

 

 

 

LA CHIRURGIE KYSTIQUE (24)

Les kystes des maxillaires constituent les formations tumorales les plus fréquentes chez l'enfant. Ces lésions, d'origine dentaire ou non dentaire, qui se développent soit dans l'os soit dans les muqueuses posent des problèmes de diagnostic différentiel avec les autres tumeurs d'allure kystique.

Les kystes évoluent généralement en 4 phases successives : phase de latence, phase de déformation, phase d'extériorisation et phase de fistulisation.
Dans tous les cas, les informations cliniques ne sont pas suffisantes. L'examen radiologique est indispensable et donne les éléments complémentaires nécessaires au diagnostic.La radiographie panoramique confirme le diagnostic et une autre incidence de précision définit les limites, la taille et les rapports du kyste avec les organes de voisinage (Fig. 4).
L'examen radiologique va permettre aussi de surveiller l'évolution, de suivre et de contrôler la régénération osseuse.

Fig. 4 : Radiographie panoramique montrant une image radio-claire, bien circonscrite, uniloculaire en rapport avec les racines de 84 et 85

 

La chirurgie kystique comporte 3 options thérapeutiques (25) :
- L’EXERESE qui consiste en l'éradication totale de la membrane kystique tout en essayant de conserver les dents ou les germes existants,
- La MARSUPIALISATION dont l'objectif est d'effectuer une communication buccokystique et de la maintenir,
- Le DRAINAGE PERMANENT qui a pour but de réduire l'hypertension intra-cavitaire par l'introduction d'une canule dans le kyste afin de diminuer le volume de la cavité kystique.
Selon l'enquête menée au centre de consultation et de traitements dentaires de Casablanca, l'exérèse de kystes a été réalisée chez 1,69% des enfants et adolescents.


LE DRAINAGE CHIRURGICAL DES CELLULITES ODONTOGÈNES (26)

Les cellulites sont des infections du tissu cellulo-adipeux localisées principalement dans les tissus mous sous-cutanés. Les cellulites d'origine dentaire sont rarement rencontrées chez l'enfant, mais sont prédominantes chez l'adolescent surtout en rapport avec la première molaire permanente (Fig. 5 et 6).

 
 
 
Plusieurs formes évolutives sont à distinguer dont l'anamnèse précisera l'étiologie dentaire, le type d'évolution et la douleur.
Cliniquement, la douleur localisée et la tuméfaction fluctuante (s'il y a collection) sont à retenir.
L'examen endo-buccal recherchera la dent causale ou une cause péridentaire. Il sera obligatoirement complété par des examens radiographiques.
Le diagnostic est donc généralement évident. Toutefois, il faut écarter la possibilité d'autres affections non odontogènes telles que les affections des glandes salivaires, les affections osseuses ou tumorales.

Le pronostic sera fonction de la précocité du diagnostic et du traitement Ce dernier devra tenir compte du stade d'évolution et de l'état général du patient.
Enfin, le traitement chirurgical est destiné aux cellulites suppurées, gangréneuses ou chroniques, et diffuses ; en effet, aucune antibiothérapie ne peut guérir une suppuration collectée, une évacuation chirurgicale s'impose.

Quant au traitement étiologique, il pourra être conservateur ou radical. Il se fera en général "à froid ".
Pour l'enquête menée au centre de consultation et de traitements dentaires de Casablanca, les cellulites dentaires ont constitué le motif de consultation pour 5,2% de l'échantillon.


LA TRAUMATOLOGIE ET LA CHIRURGIE BUCCALE (27,28,29,30,31)

Les traumatismes constituent avec les infections dentaires les vraies urgences pédodontiques, nécessitant de la part du clinicien un diagnostic précis afin d'opter pour une thérapeutique orientée vers l'évolution favorable des structures dentaires, alvéolaires et vers une harmonie de la croissance des maxillaires.
La majorité des traumatismes est observée chez l'enfant âgé de 8 à 10 ans. Cette prévalence a aussi été retrouvée dans l'étude menée au centre de consultation et de traitements dentaires de Casablanca où les traumatismes ont constitué 14,16% des motifs de consultation tout en sachant que plus des 2/3 des traumatismes sont survenus dans les tranches d'âge 5-8 ans et 9-12 ans. Ce sont les incisives maxillaires qui sont le plus souvent atteintes.

L'examen du malade devra être mené minutie. Il débutera par un interrogatoire dont la pertinence permettra d'acquérir les éléments diagnostiques essentiels pour les choix thérapeutiques.
L'examen clinique doit débuter par une évaluation générale de l'aspect du patient traumatisé pour déceler des signes de choc ou de traumatisme cérébral et de fracture des maxillaires.
L'examen exo-buccal permet l'inspection des plaies de la face et des lèvres (Fig. 7), alors que la palpation des rebords osseux et l'exploration des mouvements mandibulaires permettent la détection d'une éventuelle fracture.
 
L'examen endo-buccal doit mettre en évidence les lésions traumatiques des muqueuses (Fig. 8), les modifications de l'occlusion, les déplacements dentaires, les fractures osseuses alvéolaires, les fêlures de l'émail et les fractures coronaires (Fig. 9).
L'examen clinique devra obligatoirement être complété par un examen radiologique qui doit concerner toute la zone traumatisée. Plusieurs incidences devront donc être réalisées.
Seule la confrontation des bilans clinique et radiologique permettra de choisir une thérapeutique adéquate.
 
 
 

LA TRANSPLANTATION (32,33,34,35)

La transplantation est l'action de transférer une dent à pulpe vivante ou non d'un individu à un autre ou chez le même individu. Dans ce dernier cas, on parle alors d'autotransplantation.


L'autotransplantation est indiquée surtout chez l'enfant et à un degré moindre chez l'adolescent en cas :
- D'agénésie dentaire,
- D'une dent extraite pour plusieurs raisons : délabrement important à cause d'une carie ou d'un traumatisme, lésion parodontale, lésion apicale,
- D'inclusions profondes,
- D'échec de mise en place orthodontique.


Pour la majorité des auteurs, le moment idéal pour la transplantation se situe à un stade intermédiaire de l'édification radiculaire, plus précisément entre la moitié et les 2/3 de l'édification radiculaire avec un apex largement ouvert.
Chaque catégorie dentaire peut constituer un transplant particulièrement adapté à une situation donnée.
Les prémolaires sont morphologiquement idéales comme transplants entre elles. Selon Slagsvold et coll, les prémolaires peuvent même remplacer des canines ou des incisives (in 36).


Toutes les molaires et même parfois les prémolaires et les incisives maxillaires peuvent être remplacées par autotransplantation de dents de sagesse maxillaires ou mandibulaires. Northway a considéré les dents de sagesse comme des transplants idéaux, car leur formation tardive permet bien souvent leur emploi à un âge avancé (in 36).


Toutefois, ce type de traitement nécessite une parfaite compréhension du traitement et de son pronostic de la part du patient et de sa famille, ainsi que la maintenance d'une hygiène buccale rigoureuse.
La transplantation n'a été réalisée chez aucun enfant ou adolescent recensé pendant la période de l'enquête menée au centre de consultation et de traitements dentaires de Casablanca.


L'IMPLANTOLOGIE

L'implantologie chez les jeunes patients est indiquée surtout pour corriger un édentement partiel, le plus souvent provoqué par un traumatisme.
L'association entre l'implantologie et les traumatismes a permis la naissance d'un nouveau principe à savoir l'implantation immédiate qui consiste en la mise en place d'une fixture dans un site d'extraction. Cette méthode est rendue possible par l'application des principes de la régénération tissulaire guidée et l'aménagement des tissus péri-implantaires (37,38).

 

 L'agénésie est également considérée comme une indication à l'implantologie chez les jeunes patients.
Toutefois, l'absence dans la littérature des données concernant le devenir à long terme des implants placés chez les jeunes patients soulève plusieurs problèmes dans la mesure où l'environnement biologique et biomécanique de l'implant peuvent être bouleversé par la croissance et le vieillissement des tissus. En effet, lors de la phase active de croissance squelettique et dentaire des arcades, plusieurs points ont été notés (37,38) :


- La croissance maxillaire et mandibulaire peut modifier la position initiale de l'implant par rapport aux dents voisines et aux structures anatomiques (les implants ne sont pas doués d'une éruption compensatoire),
- Les implants peuvent modifier le type de croissance de l'arcade,
- Des implants posés dans une arcade à un stade initial de dentition mixte peuvent modifier la morphologie et le trajet d'éruption des germes dentaires adjacents.
Ainsi, selon les données expérimentales et cliniques actuellement disponibles, et compte tenu des difficultés de prévision de croissance faciale, il faut retarder la pose d'implant jusqu'à la phase post-pubertaire au moment où l'on estime que la croissance et le développement du squelette sont terminés.


CONCLUSION

La chirurgie buccale chez l'enfant et l'adolescent englobe toutes les interventions chirurgicales menées sur les structures buccales pour traiter, corriger ou prévenir une situation pathologique.
Cette chirurgie est réalisée généralement par voie endo-buccale, le plus souvent sous anesthésie locale ou loco-régionale.


L'étude menée au centre de consultation et de traitements dentaires de Casablanca a confirmé le fait qu'elle concerne principalement l'extraction des dents permanentes, notamment les premières molaires permanentes, pour cause de délabrement (61,52%). Cette grande vulnérabilité de la dent de 6 ans s'explique d'une part par le fait que son éruption survient dans une bouche en denture temporaire, elle est donc souvent confondue, à tort, avec une dent temporaire à laquelle on accorde peu d'importance. D'autre part, à son éruption la première molaire permanente présente une immaturité amélaire surtout au fond des sillons favorable à l'invasion microbienne. D'où l'intérêt de mettre en œuvre des mesures prophylactiques appropriées pour remédier à cette vulnérabilité (motivation à l'hygiène bucco-dentaire, informations diététiques, scellement des puits et fissures, applications topiques de fluor ... )


Cette chirurgie provoque généralement peu de suites postopératoires. Elle a la caractéristique d'être pratiquée sur des structures en pleine évolution. Elle ne doit pas altérer la croissance des tissus dentaires, parodontaux et osseux.


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