M. FAROUK, S. HAITAMI, I. BENYAHYA
Service d’odontologie chirurgicale

Faculté de Médecine Dentaire de Casablanca - Maroc

 

Le nettoyage, le rinçage, et le séchage constituent la deuxième étape de la chaine d’hygiène et d’asepsie. Comme la première étape de prédésinfection, ces étapes seront détaillées dans cet article en exposant leur intérêt et leur procédure.
Le nettoyage est une opération physico-chimique visant à éliminer les matières organiques ou minérales des surfaces ou des objets, permettant d’obtenir un état propre. C’est une étape obligatoire garantissant l’obtention de l’état stérile.

 

Les objectifs du nettoyage sont :

- L’élimination des salissures, des résidus organiques,
- La prévention de la formation d’un biofilm sur les dispositifs médicaux,
- La réduction de la charge microbienne initiale,
- L’élimination des résidus du produit de prédésinfection.

 

L’état propre des dispositifs médicaux obtenu après le nettoyage est dû à la combinaison d’actions : chimique, mécanique, thermique, et physique, tout en veillant à respecter un temps de contact suffisant.
Ces quatre paramètres forment le cercle de Sinner.

Le cercle de Sinner

 

Le nettoyage peut être effectué selon 2 méthodes : le nettoyage manuel, et le nettoyage  mécanisé qui peut être réalisé soit avec des cuves à ultras sons, ou avec des autolaveurs ou encore avec des thermodésinfecteurs. Ces derniers incluant toutes les phases de prétraitement des dispositifs médicaux c'est-à-dire de la prédésinfection au séchage.

 

NETTOYAGE MANUEL

Il doit être exceptionnel vu le risque de contamination du personnel par les accidents d’exposition au sang, et de l’environnement par nébulisation.
Des gants de ménage, des lunettes, une visière, une charlotte  et un tablier en plastique sont nécessaires pour assurer la protection individuelle du personnel.
Cette méthode est efficace pour les instruments composés de plusieurs éléments, et nécessite l’utilisation de :
     - une brosse souple  à manche long.
     - un écouvillon pour les canaux.
     - un bac pour limiter les projections.

 

Le nettoyage manuel doit aussi respecter les règles suivantes :
     - le nettoyage de toute la surface de l’instrument.
     - les instruments démontables doivent être démontés, les articulés doivent être désarticulés.
Les brosses métalliques et les tampons sont à proscrire, vu le risque d’endommagement du matériel.

 

NETTOYAGE MECANISÉ

Cuves à ultra sons et autolaveurs

Cette méthode présente l’avantage de limiter le risque de contamination lié à la manipulation des dispositifs médicaux lors du nettoyage manuel.

 

Les cuves à ultrasons :
Les ultrasons sont des ondes acoustiques (mécaniques) sinusoïdales dont la fréquence se situe entre 16 kHz et 10 MHz, c'est-à-dire entre les domaines des sons audibles (16 Hz-16 kHz) et des hypersons (> 10 MHz).
Il s’agit d’un lavage semi-automatique dont le principe repose, sur le phénomène de cavitation (implosion des salissures), sur l’augmentation de la température du bain consécutive au passage des ultra-sons, et sur l’action du produit détergent-désinfectant.
Les instruments sont immergés dans un bain de solution à action détergente  à l’aide d’un panier métallique grillagé, pendant 4 à 15 minutes. Le bain doit être changé  chaque jour, ou dès qu’il est sale.
C’est un procédé intéressant pour les instruments creux, complexes, et à multiples anfractuosités, mais qui est contre indiqué pour les instruments rotatifs.

 

Le rinçage et le séchage des dispositifs médicaux :
Ces deux étapes viennent après le nettoyage manuel et aux ultra-sons.
Le rinçage permet d’éliminer toute trace de salissure et de détergent utilisé pour le nettoyage. Il est réalisé sous l’eau courante.

 

Le séchage quant à lui permet d’éviter :
- La corrosion des dispositifs médicaux.
- La contamination et la multiplication des microorganismes.
- Une éventuelle interférence avec l’étape de stérilisation.
Les instruments sont placés sur un textile propre non tissé, et non pelucheux, et essuyés par un autre à usage unique. L’utilisation d’air comprimé et filtré est préférable.

 

Durant cette étape les éléments suivants doivent être contrôlés :
- La qualité du nettoyage : absence de salissure, trace….
- L’état de surface : rouillure, corrosion …
- La fonctionnalité : tranchant, articulation.
- L’entretien des instruments : lubrification.

 

Les autolaveurs :
- A la différence du thermodésinfecteur, cet appareil permet seulement de réaliser le nettoyage et le séchage sans action désinfectante,
- L’action de nettoyage est obtenue par le lavage des instruments à l’eau courante, alors que le séchage est obtenu en fin de cycle par la vapeur d’eau sèche,
- Cette technique permet de limiter les accidents de blessures et présente l’avantage du coût  accessible, contrairement au thermodésinfecteur.

 

Thermodésinfecteurs

La thermo-désinfection est la méthode la plus efficace et la plus conseillée pour les dispositifs médicaux réutilisables.
Il s’agit d’un nettoyage automatique à triple action :
- Mécanique (friction),
- Chimique (détergent),
- Thermique (température qui peut atteindre 93°).
Grâce à leur design, ces appareils permettent deux raccordements ; un pour la solution détergente / désinfectante  qui doit être à triple action : bactéricide, fongicide et virucide.

 

Le  deuxième raccordement et celui de l’eau qui, grâce à des filtres offre une eau de qualité pour un rinçage optimal en éliminant toute trace de salissure et du détergent.
L’action thermodésinfectante est obtenu grâce à deux paramètres ; la température qui peut atteindre 93°, et la vapeur de la solution détergente. Le séchage est fait après le rinçage par diffusion de  la vapeur d’eau sèche.
La durée du cycle est variable de 50 minutes à 1h 30 minutes selon le degré de saleté des dispositifs médicaux.
Une étape de tri et de disposition des dispositifs médicaux doit être faite, les instruments et les plateaux dans les paniers à mailles compartimentés, et les instruments à cavités dans les gicleurs pour une diffusion externe et interne  de la vapeur détergente.

 

Le cycle  se déroule en plusieurs étapes :
- Mouillage ou prélavage,
- Lavage à chaud avec un détergent (vapeur avec température de 80° à 93°),
- Rinçage (eau filtrée),
- Séchage (vapeur d’eau sèche à la fin du cycle/ 93°).

 

Cette méthode présente plusieurs avantages :
- Traitement de l’instrumentation avec rendement élevé,
- Nettoyage interne et externe plus efficace,
- Après le cycle les instruments sont secs et  prêts au conditionnement,
- Meilleure organisation du travail,
- Niveau d’hygiène élevé,
- Réduction des risques de contamination,
- Reproductivité,
- Traçabilité du nettoyage,
- Niveau de conforts élevé : commandes électroniques,
- Besoin limité en ressources humaines,

 

Les inconvénients sont :
- La consommation élevée de l’eau,
- Le coût des appareils.

 

CONCLUSION

Le nettoyage des dispositifs médicaux est une étape aussi primordiale que l’étape précédente de prédésinfection. Suite à ces deux étapes les dispositifs médicaux sont propres et prêts à être stérilisés, cette étape sera détaillée dans  l’article suivant.

 

BIBLIOGRAPHIE

1- I. BENYAHYA. S. HAITAMI. Hygiène et asepsie au cabinet dentaire : mise au point, Espérance médicale, spécial dentaire, juin 2005, Tome 12, N° 57.
2- Ch. MICHEAU , Quelle place donner aux ultrasons dans le nettoyage des dispositifs médicaux , unité de  stérilisation en milieu hospitalier et industriel faculté de pharmacie de Nantes. Juin 2011
3- F. HOULE, A. ALLOUCHE, Traitement correct des dispositifs médicaux, CEGEP St-Laurent 2012.
4- Association Française de Stérilisation, Guide  2013.
5- L. DUCRUET , S. Laval, Bon usage des désinfectants, Fiches conseils pour la prévention du risque infectieux, CCLIN,  Août 2010.

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